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Conseils pour réemployer les matériaux du BTP

8 juillet 2021

Plus grand consommateur de sable, matière première non renouvelable, et plus gros producteur de déchets en France, le BTP a des progrès à faire en termes d’économie circulaire. Dans cet article, Urbyn revient sur l’importance et la manière de développer le réemploi dans ce secteur.

Les déchets du BTP en chiffres

  • Chaque année, le secteur du BTP produit autour de 227 millions de tonnes de déchets en France.
  • Sur ces 227 millions, le Bâtiment représente environ 46 millions de tonnes. Le reste est issu des activités de Travaux Publics.
  • Environ 50% des déchets non dangereux du BTP sont en mélange et donc non triés sur le chantier (Source : ADEME | distinction B et TP non disponible).
  • Actuellement, 46% des déchets inertes du bâtiment et 63% des déchets inertes des TP sont réutilisés sur un autre chantier, dirigés vers des carrières ou des installations de recyclage.

Quelle réglementation pour les déchets du BTP ?

  • D’après le Code de l’environnement, “tout producteur ou détenteur de déchets est responsable de la gestion de ces déchets jusqu’à leur élimination ou valorisation finale, même lorsque le déchet est transféré à des fins de traitement à un tiers”. L’entrepreneur doit donc s’assurer que son prestataire est habilité à prendre en charge ses déchets et que leur gestion est conforme à la réglementation. Ceci implique de tracer les déchets à partir du moment où ils sont produits jusqu’au moment où ils sont traités. Un registre des déchets doit ainsi être renseigné par tous les acteurs de la chaîne.
  • Brûler ou enfouir les déchets sur le chantier ainsi que la mise en dépôt sauvage sont formellement interdits et passibles d’amende voire d’emprisonnement.
  • Les matériaux, produits ou équipements dirigés vers des filières de réemploi ne prennent pas le statut de déchets et ne sont donc pas soumis aux mêmes exigences de traitement, de traçabilité, de transport.

Loi AGEC : quels changements pour le secteur du BTP ?

La première obligation relative à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a pris effet le 1er juillet. Les artisans doivent maintenant faire figurer dans chaque devis de rénovation, construction ou démolition :

  • L’estimation de la quantité de déchets générée par l’entreprise pendant la durée du chantier
  • Les modalités de gestion, de collecte et de tri des déchets
  • Les exutoires
  • L’estimation des coûts associés à la gestion des déchets

Ils doivent également se procurer un bordereau attestant de leur dépôt dans une installation de collecte autorisée. Ces nouvelles obligations légales visent à éradiquer les décharges sauvages et sont passibles de 3.000 à 75.000€ d’amende et 2 ans d’emprisonnement en cas d’infraction.

Dans le cadre de cette loi, la Responsabilité élargie du producteur est étendue aux produits et matériaux de construction depuis le 1er janvier 2022. Les éco-organismes Valobat, Ecominero, Eco-mobilier et Valdelia sont à jour ce jour garants de la filière.

Par ailleurs, la loi AGEC prévoit d’étendre le tri 5 flux au tri 7 flux (5 flux + plâtre + fractions minérales) sur les chantiers de BTP à compter du 1er janvier 2025.

Comment rendre le secteur du BTP plus durable ?

Le bon réflexe : limiter la production de déchets

Avant de penser à la gestion des déchets des activités de BTP, il est primordial d’éviter d’en générer. Quelques bonnes pratiques à adopter :

  • Réduire les chutes de production
  • Demander aux fournisseurs de réduire les emballages
  • Commander la juste quantité de matériaux et produits nécessaires pour éviter de jeter les surplus.
  • Recourir, dans la mesure du possible, à des produits éco-conçus, matériaux recyclés et/ou recyclables, etc.
  • Opter pour les filières de réemploi : sur le chantier ou sur un autre chantier, apport volontaire dans une ressourcerie, mise en vente sur une plateforme spécialisée, …

Réemploi et BTP : quels enjeux ?

La connaissance du gisement de matériaux dans les bâtiments existants est un enjeu crucial pour développer l’économie circulaire dans le Bâtiment et réduire la consommation de matières premières ainsi que la production de déchets.

Le développement de nouvelles bases de données caractérisant les composants des bâtiments permet de modéliser plus finement le stock de matière sur un territoire et les flux associés (matières entrantes, déchets et matériaux générés) en vue de leur optimisation dans une logique d’économie circulaire.

L’exemple du BIM (Building Information Modeling)

Le BIM est une maquette numérique 3D qui contient des données intelligentes et structurées. Le BIM permet le partage d’informations tout au long de la durée de vie d’un bâtiment ou d’infrastructures, de leur conception jusqu’à leur démolition. En bref, le BIM permet désormais de modéliser les bâtiments existants et de diagnostiquer les déchets avant démolition.
Exemples d’acteurs du BIM :

  • SISCO : expertise dans les projets de déconstruction, de réhabilitation, de construction et de dépollution des bâtiments
  • BatiRIM (SUEZ) : solution digitale et innovante pour la rénovation et la déconstruction sélective au service de l’économie circulaire
  • Autodesk : éditeur leader de logiciels de conception et d’ingénierie 3D.

L’enjeu des labels et certifications

Opter pour le réemploi des matériaux rendra votre activité plus vertueuse et vous permettra notamment d’obtenir certains standards de qualité environnementale.

La certification britannique BREEAM, ou Building Research Establishment Environmental Assessment Method, créée en 1990, est la certification la plus répandue à travers le monde pour évaluer l’impact environnemental d’un bâtiment de sa conception à sa fin de vie. La gestion de l’énergie, la valorisation des déchets, la gestion de l’eau sont par exemple des critères pris en compte pour l’analyse du bâtiment.

Le label HQE (Haute Qualité Environnementale) a été créé en 2004 en France pour reconnaître les qualités et performances environnementales des bâtiments. Il dispose d’un cahier des charges plus exigeant (14 critères d’évaluation) et plus coûteux que la méthode BREEAM.

labels btp

Quelles solutions de réemploi pour les matériaux du BTP ?

Il existe des plateformes qui permettent d’offrir une seconde vie aux déchets du BTP. Zoom sur les principaux acteurs du réemploi :

  • Backacia : solution économique et écologique alternative à la benne, l’entreprise accompagne les professionnels du BTP dans la réalisation d’opérations de réemploi.
  • Booster du réemploi : coalition de maîtres d’ouvrage et prescripteurs de l’immobilier conscients des conséquences de leur métier sur l’environnement. Ces prescripteurs s’engagent à acheter les matériaux les moins carbonés et à réutiliser au maximum les ressources déjà mises en œuvre via le réemploi.
    L’objectif ? réduire de 20 à 30 % l’impact carbone du secteur du bâtiment.
  • Cycle Up : Plateforme professionnelle de réemploi des matériaux du bâtiment et de l’immobilier.
  • Upcyclea : Logiciel collaboratif de gestion circulaire des ressources permettant notamment de concevoir et construire des bâtiments sains et circulaires, pensés comme des “banques de matériaux et numérisés dans myUpcyclea”.
  • EtNISI : Fabrication de carrelage, d’objets et de mobilier design à partir de matières recyclées à 75%, issues par exemple de sable, de pierres et de vitrages.